Le courrier du médecin vaudois, une lecture au masculin.

19.02.21 | Proposé par: Laurence Mundinger

 

Nous les femmes, représentons environ 60% des médecins sortant des bancs de l’université.

Nous sommes donc majoritaires et le phénomène n’est pas récent.

Et pourtant… Suis-je la seule, numéro après numéro, à feuilleter les pages du CMV, oscillant entre le dépit et l’agacement ? Si peu de portraits ou d’interviews de femmes, si peu de présidente de groupement, si peu de présidente, vice-présidente ou secrétaire générale de la SVM (aucune pour les derniers !).

La direction de la SVM est masculine. Le comité largement masculin. Et cela se ressent. Les hommes recrutent ceux qui leur ressemblent, donne la parole à ceux auxquels ils s’identifient. Donc encore et toujours des hommes.

Et cela représente très bien le médecin vaudois de plus de 40 ans!

Mais cela ne me représente pas. Cela ne représente pas la femme médecin vaudoise.

Et qu’on ne me réponde pas que les femmes ne sont pas intéressées ! Oui les femmes sont intéressées par des postes à responsabilité  ou à donner leur avis: n’a-t-on pas actuellement trois femmes au Conseil Fédéral, cinq au Conseil d’Etat vaudois ?

Alors que faire ? Osons quelques pistes dans le cadre de la SVM.

-Instaurons des quotas de représentation égalitaire. Un minimum de 40 % de femmes dans les pages du CMV, 40% aux organes dirigeants. Allons chercher des femmes, motivons-les, ouvrons leur la porte.

-Créons une commission égalité à la SVM.

-Mobilisons-nous sur des thèmes politiques visant l’égalité.

Parce que nous les femmes médecins vaudoises, ces sujets nous concernent.

Parce que  si on ne prend pas le virage égalitaire, quel sera demain le visage de la SVM ? Il aura des traits conservateurs et patriarcaux. Bref le visage du siècle d’avant.

2 commentaires

    Mundinger Laurence

    Psychiatre - Lausanne
    09.03.21
    Chères collègues, Je vous remercie chaleureusement et sincèrement d‘avoir pris le temps de répondre de manière aussi détaillée et engagée. Je suis ravie d‘apprendre l‘engagement croissant des femmes au sein de la SVM, et que cette thématique est suivie de près par notre association. Je me réjouis d‘avance d‘avance de participer à la journée de la SVM du mois d’octobre et de découvrir l‘historique des femmes du canton. Je salue votre choix de thème, qui amènera très certainement des réflexions sur la places de femmes en médecine, au sein des institutions, et les enjeux que cela représente. L’accès des femmes à des postes clés est bien entendu une problématique qui dépasse largement le cadre de la SVM, ainsi que la représentation de celles-ci dans les médias. Je serai bien entendu heureuse de pouvoir contribuer d‘une manière ou d‘une autre à une réflexion poussée sur le thème de l’égalité en médecine. Laurence Mundinger-Jaccard

    Société vaudoise de médecine

    08.03.21
    Chère Collègue, A la lecture de votre contribution, il nous tient à cœur de vous adresser une brève réponse émanant des deux femmes actuellement membres du comité de la SVM, et ceci au nom de notre association. Tout d’abord, nous souhaitons vous rassurer : la féminisation de notre profession et ses enjeux liés font totalement partie de nos intérêts, même si ce n’est évidemment pas le seul défi à relever pour les médecins vaudois. Preuve en est le prochain thème de la journée annuelle de la SVM (7 octobre 2021): « La femme dans la pratique médicale», déjà prévu en 2020 et désormais reporté à cet automne. Au-delà de la polémique et des revendications, notre objectif durant cette journée sera de relever les aspects favorables et profitables à la profession. De se questionner également sur la spécificité de l’approche féminine. Un historique des femmes médecins du canton sera présenté en guise d’introduction. Nous espérons avoir le plaisir de vous y rencontrer. Il y a aujourd’hui environ 42% de femmes parmi les membres actifs de la SVM, et depuis 2 ans les adhésions de femmes-médecins (54% en 2020) sont légèrement supérieures à celles des hommes-médecins. La féminisation de la SVM s’accélère donc. Au niveau de la représentation des femmes dans notre association, celle-ci n’est sans doute pas encore suffisante, mais nous dénombrons déjà 30% de femmes au sein de l’Assemblée des délégués de la SVM (législature 2018-2022), ou 3 femmes sur 7 au sein de notre Commission de déontologie. On relèvera encore qu’avant la FMH qui vient d’élire la Dre Yvonne Gilli à sa tête en 2020, la SVM a déjà été présidée par une femme-médecin, de 2012 à 2016, la Dre Monnier-Cornuz. Les choses changent. L’enjeu de la nomination de femmes à tous les niveaux hiérarchiques dans toutes les spécialités et sous-spécialités médicales du canton est un fait établi et ne relève pas de quotas impersonnels, mais de compétences. L’engagement grandissant de femmes médecins en politique médicale, au sein des comités de sociétés cantonales ou fédérales, permet aussi d’apporter un nouveau souffle. Peut-être que le reflet de ces changements de fond n’est pas suffisamment marqué pour être perçu de l’extérieur ? La rédaction du CMV tient à vous transmettre qu’elle apporte un soin particulier à contacter des rédactrices potentielles pour obtenir des contributions reflétant la parité. Enfin, si vous souhaitez vous-même contribuer à grandir les rangs des femmes engagées dans cette évolution, la rédaction serait heureuse de vous ouvrir les colonnes du CMV lors d’un prochain numéro. Dre Séverine Oppliger- Pasquali, FMH Médecine interne générale Dre Isabelle Rappaz Gervaix, FMH Pédiatrie

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