Les deux hôpitaux universitaires lémaniques engendrent-ils des surcoûts ?

25.06.21 | Proposé par: Verena Nold

La présence de deux hôpitaux universitaires, situés à quelques dizaines de kilomètres l’un de l’autre, peut surprendre au premier abord. Cette situation apporte indéniablement de nombreux avantages pour les patient-e-s, l’emploi et l’économie de la région. Mais quels effets a-t-elle sur les coûts de la santé ? Génère-t-elle des surcoûts évitables ?

Avec leur renommée internationale, les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) et le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) sont susceptibles de jouer un rôle moteur dans le développement économique de l’arc lémanique, en cultivant, par exemple, des synergies avec les entreprises de la Health Valley. Il est également réjouissant que la population de la région, et même au-delà, puisse avoir accès à des hôpitaux de pointe, capables de fournir les traitements les plus modernes aux patient-e-s souffrant des pathologies les plus complexes. Nous sommes fiers, ici, en tant qu’assureurs-maladie, de pouvoir apporter notre contribution à l’accès à ces traitements, notamment via la solidarité inter-assurés.

Coûts évitables ?

Comment la présence de deux hôpitaux universitaires se traduit-elle en termes de coûts à charge de l’assurance-maladie de base ? L’observation des coûts par assuré et par canton ne permet pas de tirer un lien de causalité clair et direct entre la présence d’un hôpital universitaire et des coûts élevés. Par ailleurs, à notre connaissance, ce sujet a peu ou prou fait l’objet d’études scientifiques jusqu’ici. Nous observons toutefois plusieurs éléments. Les hôpitaux universitaires réalisent encore trop souvent des opérations « simples » qui pourraient être effectuées à moindre frais dans des hôpitaux de soins aigus. Il n’est pas rare d’observer des écarts de coûts de 20% pour une même intervention entre les deux types d’établissements. La solution passe par plusieurs pistes, comme un meilleur triage des patients et l’attribution de mandat de prestations de la part du canton pour les cas simples à d’autres hôpitaux ou cliniques que les établissements universitaires.

Densité élevée de spécialistes

La présence d’hôpitaux universitaires dans une région a également pour conséquence que la densité de spécialistes y est plus élevée. La présence de ces derniers est positive pour les patient-e-s et pour le développement de synergies, notamment dans le domaine de la recherche. Mais une forte densité de spécialistes risque également d’engendrer une demande supplémentaire, qui se traduit par des coûts plus élevés, pas forcément toujours justifiés et justifiables. Il appartient donc ici aux politiciens cantonaux de trouver le juste équilibre au niveau de la planification sanitaire afin d’éviter tout risque de surmédicalisation.

Planification supra-cantonale

La présence de deux hôpitaux universitaires si proches, voulue par la population, doit inciter à développer des synergies au-delà des frontières cantonales. En ce sens, la collaboration initiée il y a plusieurs années entre le canton de Vaud et celui de Genève va dans le bon sens. santésuisse appelle de ses vœux une planification hospitalière intercantonale, à tous les niveaux et pas uniquement universitaire. Il s’agit d’éviter les doublons et surtout de permettre aux établissements hospitaliers d’atteindre la masse critique d’interventions permettant de garantir la sécurité des patient-e-s, qui nous est chère.

Verena Nold, directrice de santésuisse

NB: Cet article a initialement été publié dans le CMV#3-2021 «Hôpitaux universitaires romands: à quand une école médicale lémanique?».

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