L’urgence de former davantage d’assistantes médicales

04.03.24 | Proposé par: Dre Séverine Oppliger

NB: Cet article a été initialement publié dans la rubrique Opinion du 24 heures le 1er mars 2024.

Le métier est essentiel pour le bon fonctionnement des cabinets médicaux. La pénurie qui existe a de quoi inquiéter.

Dans les 1800 cabinets médicaux vaudois, l’assistante médicale CFC ou avec diplôme DFMS occupe un rôle clé. Elle accueille et oriente, elle connaît le patient depuis longtemps, elle est toujours prête à répondre aux inquiétudes et elle réussit avec habileté prises de sang ou vaccins. Elle réalise aussi des examens de laboratoire, tient l’agenda et parfois gère la facturation. Au téléphone, c’est elle qui, grâce à sa solide formation, a compris que le cas était suffisamment important pour insérer un rendez-vous en urgence avec le médecin, juste entre deux autres patients.

De plus en plus, la profession s’ouvre également aux messieurs. Malgré cela, tous les médecins ressentent depuis des années que ces professionnelles indispensables au fonctionnement des cabinets médicaux deviennent difficiles à recruter. Interpellé à fin 2023 au Grand Conseil sur les mesures qu’il pourrait entreprendre pour contrer cette pénurie grandissante, le Conseil d’État a plutôt relativisé ce constat, estimant que les efforts globaux entrepris en matière de promotion des métiers de la santé devraient suffire.

Aux yeux de l’Association romande des assistantes médicales (ARAM) comme de la Société vaudoise de médecine (SVM), le problème est certainement ailleurs. Pour rendre attractif le choix de cette profession en début de carrière, comme son exercice durable au cabinet, il est nécessaire de mieux la reconnaître et de la valoriser. Or, à ce jour, une meilleure rémunération reste freinée par l’impossibilité d’intégrer pleinement les activités des assistantes médicales dans la facturation. Ces dernières années, leurs adaptations salariales en terres vaudoises ont ainsi été exclusivement rendues possibles par la baisse croissante des marges d’exploitation des cabinets, pourtant confrontés simultanément à l’inflation et à la baisse de la valeur cantonale du point TarMed.

Rappelons-le ici, alors que les médecins eux-mêmes ne seront probablement pas suffisamment nombreux ces prochaines années pour répondre à la demande, provoquer simultanément une pénurie d’assistantes médicales ne ferait que réduire davantage l’accès de la population au système de santé. Le temps du médecin sera toujours plus précieux et, sans assistante médicale, il en aura encore moins.

Insuffisant

Des efforts doivent rapidement être entrepris en matière de formation: seule une septantaine d’apprenties obtiennent leur CFC chaque année, ainsi qu’une cinquantaine de diplômées d’écoles privées. Ce n’est de loin pas suffisant. Les cabinets pourraient ouvrir plus de places d’apprentissage, mais le temps toujours plus rare à consacrer, le faible taux de rétention des apprenties au sein du cabinet formateur, ou la perspective d’une prochaine retraite découragent même les plus motivés.

Sans trop d’efforts, le Conseil d’État pourrait essayer d’améliorer cette situation et user de son influence pour agir dans le même sens sur les conditions-cadres fédérales. Toute une profession, et surtout l’accueil des patients en bénéficieraient!

Dre Séverine Oppliger – Vice-présidente de la Société vaudoise de médecine (SVM)