C’est une année 2019 « charnière » à plusieurs titres que vient de vivre la Société Vaudoise de Médecine.
D’abord, pour la première fois sans doute en 190 ans d’existence, nous avons dénombré plus de femmes (53%) que d’hommes parmi les nouvelles adhésions (151) à notre société en 2019. Cette tendance est sans nul doute appelée à se confirmer ces prochaines années. Les femmes médecins représentent actuellement déjà 38% de l’ensemble des membres de la SVM (42% des membres actifs). Ces prochaines années, il conviendra d’être attentif à non seulement mieux les intégrer dans les organes de notre association, mais également à mieux aborder avec nos partenaires certains thèmes qui les touchent tout particulièrement (égalité de salaire et de possibilités de carrière, travail à temps partiel, conciliation travail/vie privée, etc.).
Pour la première fois également en 2019, et ce depuis… toujours, la garde médicale de premier recours n’est plus entièrement organisée par les médecins et la SVM dans le canton de Vaud. La responsabilité reste aux mains des commissions régionales de la garde qui sont constituées de médecins désignés par leurs groupements régionaux (internistes généralistes et praticiens) ou de spécialité (pédiatrie, psychiatrie, gynécologie), dont deux sur quatre sont présidées par des médecins employés par des organismes régionaux pilotés par l’Etat, qu’il a mandaté pour le déploiement des autres dispositifs de réponse à l’urgence. Les médecins continueront bien sûr à assumer la garde médicale sur le terrain, mais il s’agit d’une révolution notable, que les partisans à la SVM d’une médecine libérale autonome et responsable n’ont évidemment pas pu applaudir.
Pour notre corporation, l’enjeu sera désormais de savoir bien faire entendre la voix des « gardiens » (et des patients qui ont besoin de cette prestation de qualité) dans les nouveaux organes pilotés par d’autres. Il s’agira en particulier de bien séparer ce qui relève du devoir de garde imposé par la Loi sur la Santé Publique des autres dispositifs de réponse à l’urgence dans lesquels la participation des médecins est volontaire, même s’ils en sont bien souvent les promoteurs. Après avoir assuré en 2019 la transition de l’organisation des gardes de premier recours, conformément à la convention cantonale signée à fin 2018, la SVM entend se concentrer en 2020 sur l’organisation des gardes spécialisées dont elle a le mandat. Plus souvent de deuxième échelon, leur intérêt public n’est d’ailleurs pas moins important, car il s’agit pour plusieurs d’entre elles de permettre aux hôpitaux régionaux d’assurer leur mission de santé publique par à la réalisation de prestations spécialisées en urgence pour des patients hospitalisés.
En 2019, la SVM a aussi changé d’interlocuteur au niveau cantonal après 15 ans de conduite du Département de la santé et de l’action sociale par le même conseiller d’Etat. Une nouvelle dynamique s’est ainsi enclenchée dès l’été, laissant entrevoir de nouvelles perspectives de collaboration, notamment dans le cadre d’un partenariat DSAS-SVM redynamisé.
Au niveau fédéral, pour la première fois également depuis des années, l’annonce automnale des primes d’assurance-maladie a presque débouché sur une bonne nouvelle, avec une hausse nationale moyenne pour 2020 limitée à 0,2%, bien inférieure à l’évolution du PIB. Au-delà de la bonne maîtrise des coûts dans leurs cabinets, cliniques et hôpitaux, les médecins y ont sans doute aussi contribué en ne ménageant pas leurs efforts dans le débat public. Et il semble que cela commence à payer. En 2019, basée sur une analyse rigoureuse des chiffres disponibles, l’idée lancée par la SVM de calculer les primes a posteriori sur la base des coûts réels et non plus sur des prévisions alarmistes ou orientées [01] a rencontré un écho notable, y compris auprès de plusieurs gouvernements cantonaux. Sur le même sujet ou presque, on relèvera encore le succès en mars 2019 au Conseil national de la motion « vaudoise » Feller-Thorens pour plus de transparence sur les coûts réels de la santé, et qui doit désormais être soumise au Conseil des Etats en 2020 [02].
C’est dans ce contexte que l’autonomie tarifaire a pu être préservée malgré les nombreuses pressions exercées de toute part, et que la SVM a pu renouveler les conventions tarifaires existantes pour une valeur du point TARMED à 95 centimes avec deux des partenaires, et concédé un alignement logique à 95 centimes avec le troisième pour conserver une situation conventionnelle.
Après une année 2019 « charnière », 2020 s’annonce d’ores et déjà riche en enjeux. A tous niveaux et avec le soutien précieux du secrétariat général et des membres qui acceptent de consacrer une partie de leur temps à la politique professionnelle cantonale ou fédérale, le Comité de la SVM continuera à s’engager avec énergie en faveur d’une médecine de qualité au service de la population vaudoise, donc de bonnes conditions de pratique.
Dr Philippe Eggimann, président de la SVM