Avons-nous besoin d’une KORA médicale ?

08.11.19 | Proposé par: François-Xavier De Preux

Que nous le voulions ou pas, il ne se passe pas plus d’un mois, voire une semaine, sans que la profession médicale ne fasse la une des médias avec des références toujours plus malveillantes. Relayés par le public (courrier des lecteurs notamment), ils s’en donnent à cœur joie mélangeant la pratique aux péripéties financières des caisses maladie, aux revenus des médecins et à l’attitude effarouchée des sociétés médicales lorsque surgit une affaire. L’explication – si elle existe – demeure fidèle à une méthode qui invoque inlassablement le côté incidental des actes indélicats ou illicites perpétrés par de rares moutons noirs.

Faut-il s’en indigner ou ignorer le problème par insouciance ou corporatisme et abandonner aux assurances la tâche de régler les conflits de mauvaise pratique et ou de surfacturation (voir CMV, mars 2019, page 16) ?. Notre incapacité technique à nous défendre en professionnels contre l’inquisition bureaucratique s’apparente à de la soumission, comme il en va de l’indolence des patients, assurés bienheureux d’office, de ne pas voir passer sous leurs yeux les factures de leurs médecins. Toutes remarques valables au niveau de l’assurance de base.

Un domaine sensible au point d’inquiéter le Conseil fédéral et les assurances demeure celui des polices d’assurances privées et complémentaires. Dans ce véritable champ de mines, la transparence a disparu, faisant place à une liberté échevelée et arbitraire qui colonise les offices de remboursement et les prestataires de soins. L’easy-earning devient très tendance d’autant plus que les contrôles et autres formes de modération sont absents ou ont disparu des chartes et règlements régissant la pratique de la Médecine. Ce libéralisme poussé à l’extrême entraîne les soupçons et l’agressivité dont le Corps Médical devient lentement mais sûrement la cible tout en affichant une retenue polie et formulant des réquisitions illusoires pour contenir la hausse inexorable des primes ou au moins un moratoire pour ralentir leur ascension.

Au sein de nos associations professionnelles, il devient impérieux de remettre en question le thème devenu mythe : l’invocation à tout propos de l’argent et de la responsabilité des autres acteurs d’un système en voie de faillite. Notre discours doit devenir politique, ouvert, consensuel et peut-être raisonnable, faute de quoi une KORA* médicale nous sera fatalement imposée.

*KORA : commission fédérale pour le monitoring et la surveillance des grands prédateurs

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