La résilience exceptionnelle du corps médical face à la pandémie de coronavirus

23.04.20 | Proposé par: Dr Philippe Eggimann

Bien que le taux d’infection par le SARS-CoV-2 de la population vaudoise figure parmi les plus élevés d’Europe, la réorganisation rapide des hôpitaux, soutenus par les cliniques privées, a permis d’absorber sans heurt une vague de cas sévères sans précédent.

Dans le domaine ambulatoire, un temps pétrifié par le déferlement de l’épidémie avec un shutdown brutal de l’activité imposé par le Conseil fédéral, le corps médical s’est vite ressaisi. Vous trouverez dans ce numéro de nombreux exemples d’adaptation en réponse à la crise sanitaire, qui démontrent si besoin il y avait, son extraordinaire résilience.

Après avoir obtenu la garantie que les cabinets puissent rester ouverts, la SVM a fait valider par le médecin cantonal les champs d’activité COVID que les groupements de la SVM ont eux-mêmes définis [1]. A l’initiative du Dr Vez, relayée par le comité de la SVM élargi à celui de MFVaud, plus de 800 médecins en cabinet participent à une action de prévention primaire auprès de leurs patients à risque, visant à personnaliser les mesures de confinement [2].

Vers un déconfinement progressif et sectoriel

L’épidémie COVID-19 entame une lente décrue et ce sont les cantons qui sont chargés de mettre en œuvre la stratégie de déconfinement du Conseil fédéral. Visant à terme une immunité grégaire tout en limitant l’ampleur de nouvelles vagues épidémiques, il sera progressif et sectoriel. Cela prendra des mois, et seule la mise au point de traitements et de vaccins efficaces permettront d’en venir à bout [3].

C’est dans cette perspective que les tests sérologiques sont pour l’instant destinés en priorité aux enquêtes épidémiologiques populationnelles dont les résultats permettront d’affiner les stratégies de déconfinement. Sans surprise, outre les mesures barrières et de distanciation sociale déjà en vigueur, le port d’un masque « communautaire » s’imposera pour toute activité dans une proximité inférieure à 2 mètres.

Un « déconfinacheck » personnalisé

La généralisation des tests diagnostiques est incontournable afin de détecter et isoler précocement les patients qui s’infectent, de manière à limiter la chaîne de transmissions. Avec une sensibilité à peine supérieure à 60 % [4], il sera nécessaire d’utiliser les sérologies dès que leurs performances seront établies. Elles permettront, en complément d’éléments anamnestiques évocateurs, de documenter et de dater une infection.

Des entreprises et plusieurs partis politiques demandent d’ores et déjà que des certificats d’immunité soient délivrés, et d’aucuns souhaitent que ce soient les autorités qui s’en chargent. Pour garantir le secret médical et la confidentialité, sur les mêmes principes que l’action de prévention primaire, la SVM et la SMSR proposent que ce soient les médecins qui prescrivent un déconfinement individuel par la réalisation d’un « déconfinacheck ». Ce dernier intégrera les éléments anamnestiques et les résultats des tests dans la situation médicale et psychosociale spécifique de chaque individu. Cette prescription permettra de maintenir le confinement des patients à risque et de ceux pour lesquels les mesures de protection ne peuvent êtres garanties ou respectées, sous une couverture du type de celle l’assurance maladie. La répartition du financement que nécessiteront ces mesures exceptionnelles devra faire l’objet de décisions politiques ultérieures.

Dr Philippe Eggimann, Président de la SVM

NB: cet article est également paru dans le Courrier du médecin vaudois (CMV) n° 2/2020

[1] https://www.svmed.ch/covid-19/covid-19-dispositifs-de-prise-en-charge-des-groupements-de-la-svm

[2] https://mcusercontent.com/eb120e1d2a75666a99ac1903d/files/be59ca85-c95e-4629-98c6-33ba16180246/Prév_I_Covid_V3_et_annexes_09.04.2020.pdf

[3] Projecting the transmission dynamics of SASR-CoV-2 trhough the postpandemic period. Kissler SM et al. Science 10.1126/science.abb5793 (2020).

[4] https://www.revmed.ch/RMS/2020/RMS-N-689/Performance-du-frottis-nasopharynge-PCR-pour-le-diagnostic-du-Covid-19.-Recommandations-pratiques-sur-la-base-des-premieres-donnees-scientifiques

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