Notre avenir sanitaire sera commun ou ne sera pas

27.06.21 | Proposé par: Dr Philippe Eggimann & Dr Jean-Pierre Randin

Au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), au début des années 1980, oser évoquer l’Hôpital Cantonal Universitaire de Genève (HCUGE) relevait alors d’une audace que bien des mentors considéraient téméraire… Quel chemin parcouru en quelques décennies !

Aujourd’hui, à peine 60 kilomètres séparent le CHUV des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) mais tant de différences demeurent entre les deux cantons lémaniques ! Un Etat volontiers bonapartiste – une République souvent capricieuse ; discrétion et réserve de la bourgade – orgueil et extravagance de la plus petite des grandes cités ; des comptes publics de fourmis – ou de cigale ; la Versoix plus large et profonde que la Sarine ; des ministres de la santé aux antipodes du champ politique…

Au moment où la Confédération tourne sans débat démocratique le dos à l’Europe, à qui nous devons pourtant notre prospérité actuelle, osons projeter notre système sanitaire dans le 21e siècle. Souhaitons que les tentatives avortées et celles couronnées de succès, dont les instigateurs tirent quelques leçons dans ce numéro, nous inspirent et nous guident.

Le Centre Hospitalier Universitaire Valdo-Genevois peut devenir le navire amiral d’une école lémanique de santé qui intègre la Haute école de santé, ainsi que les Facultés de biologie et médecine. Donnons-lui un cadre transcantonal, avec l’ambition d’en faire le pôle romand d’une future école suisse de santé. Arrimons-le aux Ecoles polytechniques fédérales avec un mandat de prestation et un co-financement fédéral permettant de mieux répartir l’effort entre les cantons et de le mettre à l’abri des soubresauts politiques. En synergie avec la Health Valley, ce pôle sanitaire romand serait suffisamment attractif pour y attirer des étudiant-e-s et chercheur-euse-s du monde entier, contribuant ainsi à la fois à son financement et à son rayonnement.

Insufflons un souffle pérenne à notre système sanitaire par la mise en commun de nos moyens cliniques, scientifiques et académiques pour nous maintenir au niveau de nos grands voisins. Nous le devons aux générations qui nous suivent, qu’elles puissent bénéficier comme nous de tout ce qui peut se faire ailleurs sans avoir besoin d’y émigrer.

Dr Philippe Eggimann, président de la SVM
Dr Jean-Pierre Randin, membre du comité de rédaction

NB: Cet article a initialement été publié dans le CMV#3-2021 «Hôpitaux universitaires romands: à quand une école médicale lémanique?».

Déposer votre commentaire